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LES TEXTES DEFINITIONNELS

Texte originel A :

 


Les morts bougeaient. Les nerfs se tendaient dans la raideur des chairs pourries et un bras se levait lentement dans l'aube. Il restait là, dressant vers le ciel sa main noire toute épanouie ; les ventres trop gonflés éclataient et l'homme se tordait dans la terre, tremblant de toutes ses ficelles relâchées. Il reprenait une parcelle de vie, il ondulait des épaules,comme dans sa marche d'avant. Il ondulait des épaules, comme à son habitude d'avant quand sa femme le reconnaissait au milieu des autres, à sa façon de marcher. Et les rats s'en allaient de lui. Mais ça n'était plus son esprit de vie qui faisait onduler ses épaules, seulement la mécanique de la mort, et au bout d'un peu, il retombait immobile dans la boue. Alors les rats revenaient.

Jean GIONO, Le Grand Troupeau

 


Texte A' après expansion par la définition

 


Ceux qui ont cessé de vivre faisaient un mouvement.

Les tendons des muscles menaçaient les substances molles du corps qui se décomposaient et un membre supérieur se mettait debout,lentement, dans la première lueur du soleil levant qui commence à blanchir l'horizon.

Il continuait d'être dans ce lieu, tenant droit et verticalement vers l'espace visible en haut, sa partie du corps munie de cinq doigts de la couleur la plus foncée qui existe,toute rendue joyeuse.
Les parties antérieures de la cavité qui contenaient l'intestin, trop remplies d'air et de gaz rompaient avec bruit et violence et l'être appartenant à l'espèce animale la plus évoluée de la terre s'enroulait en hélice dans l'élément solide qui supporte les être vivants, s'agitant par petits mouvement répétés de toutes ses cordes minces qui ont perdu de leur vigueur.
Il prenait de nouveau un très petit morceau d'existence et avait un mouvent sinueux de la partie supérieure du bras, à l'endroit où il s'attache au tronc, comme dans la suite des pas d'avant.

Et les petits mammifères rongeurs à museau et à très longue queue partaient de lui. Mais ça n'était pas son principe pensant en général de l'existence qui faisait des mouvements sinueux d'ondulation de la partie supérieure du bas à l'endroit où il s'attache au tronc, seulement les machines de la cessation de vie, et, au bout d'un peu, il tombait de nouveau, fixé une fois pour toutes, dans la poussière détrempée.

Alors les petits mammifères rongeurs à museau et à très longue queue venaient de nouveau là où ils étaient déjà venus.


Texte A '' constitué de fragments des autres textes

 

 

 

En mémoire de cet espace temps qui s'écoule, ils revinrent là où ils étaient déjà venus.
Fixé une fois pour toute, le liquide de la rivière remarquable mirait le déplacement naturel de l'atmosphère.
En se prenant et se serrant entre les bras ils voulaient toucher le terme du voyage mais prendre encore un très petit morceau d'existence !

La relation quotidienne des évènements avait pris la teinte d'une fleur de type primitif.
Au-dessus extrême de l'arrondissement, sous le spectre solaire, les fruits du pommier tombaient dans un bruit mat.

Alors , verticalement, vers l'espace visible en haut, une obscurité hors d'eux-mêmes recouvrit le Jardin des Délices.
Ils avaient cessé de rire et s'enroulèrent en hélice car ils venaient d'entendre une voix fracassante qui les mettaient plus près de l'interdit :

« Adam et Eve... Dehors ! »

Catherine


 

Texte originel :

Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal. Lui pourtant aussi il était mort. Je ne le vis plus, tout d'abord. C'est qu'il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l'explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s'embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours, mais le cavalier n'avait plus sa tête, rien qu'une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglou comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert,il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire du mal ce coup-là au moment où c'était arrivé. Tant pis pour lui.

 


Louis Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit.

 


Texte A ' constitué de fragments des autres textes

 


Quant à l’officier supérieur, lui, je ne souhaitais pas qu’il lui arrive ce qui cause de la douleur. Lui pourtant, aussi, il avait cessé de vivre. Je ne reçus plus son image, tout d’abord. C’est qu’il avait été entraîné, hors de sa trajectoire, sur le terrain en pente inclinée (et aménagé par des travaux de terrassement), étendu sur la partie latérale de son corps par la rupture violente produite par un excès de pression. Il avait été jeté en avant et avec force jusque dans les membres supérieurs du militaire servant dans la cavalerie, à pied, la personne chargée de transmettre une nouvelle, usé lui aussi au point d’avoir perdu toute possibilité d’agir. Ils se prenaient et se serraient entre leurs bras, pour marquer leur affection, pour le moment et pour toujours, mais la personne qui avait été à cheval n’avait plus sa partie supérieure, rien qu’un espace vide et libre au-dessus de la partie du corps qui unit la tête au tronc, avec dedans le liquide visqueux et rouge qui circule dans les vaisseaux. Ce liquide semblait cuire à petit feu en faisant le bruit que fait un liquide qui circule dans un conduit, comme des fruits coupés qu’on aurait fait cuire avec du sucre, pour les conserver, dans un récipient muni d’un couvercle et d’anses. L’officier supérieur avait la partie antérieure de la cavité qui contient l’intestin, de manière à laisser le passage, il en effectuait une très antipathique contorsion du visage. Ca avait du lui causer de la douleur, ce grave ennui là, dans l’espace de temps limité ou cela avait eu lieu. Tant pis pour lui !

 


Texte A '' constitué de fragments des autres textes

 


La veille au soir, Gégé et Patricia s’étaient pris et serrés dans leurs bras, heureux d’être arrivés au terme de leur voyage sans encombre ni accident. Gégé surtout se félicitait d’avoir réussi à gérer la relation quotidienne des évènements, malgré l’attirance physique pour sa compagne de voyage. Il était satisfait de sa résistance à la tentation exceptionnelle qui le tiraillait certains jours. Tous deux avaient vécu quelques semaines à travers ce pays qui permettait au spectre solaire de s’exprimer toute la partie de la journée entre le matin et le soir, mais aussi certaines nuits où ils avaient pu admirer les aurores boréales, nombreuses en cette saison.

Ce matin encore, arrivé à l’océan (là ou il était déjà venu cinq années auparavant), la couleur du ciel sans nuage et d’une grande luminosité le comblait. Il s’était levé plus tôt que d’habitude, alors que Patricia dormait encore dans le camion, car il aimait ce moment de la journée, ce petit vent frais peu violent venu du large. Il se surprit à apprécier ce petit morceau d ‘existence. Aujourd’hui serait encore une belle journée.

 


Alain


 

 

 

 

 

Texte originel :

La petite au chapeau de feutre est dans la lumière limoneuse du fleuve, seule, sur le pont du bac, accoudée au bastingage. Le chapeau d'homme colore de rose toute la scène. C'est la seule couleur. Dans le soleil brumeux du fleuve, le soleil de la chaleur, les rives se sont effacées, le fleuve paraît rejoindre l'horizon. Le fleuve coule sourdement,il ne fait aucun bruit, le sang dans le corps. Plus de vent au-dehors de l'eau. Le moteur du bac, le seul bruit de la scène, celui d'un vieux moteur déglingué aux bielles coulées. De temps en temps, par rafales légères, des bruits de voix. Et puis des aboiements des chiens, ils viennent de partout, de derrière la brume, de tous les villages.

Marguerite DURAS, l'Amant.

 

Texte A' après expansion par la définition :

L’enfant à la coiffure de forme rigide faite d’étoffe non tissée et épaisse obtenue en pressant et en collant du poil, se trouve dans ce par quoi les choses sont éclairées et qui, là, contient de la terre ou de fines particules entraînées et déposées sur les rives de la grande rivière remarquable par le nombre de ses affluents, l’importance de son débit, la longueur de son cours ; elle est sans compagnie, séparée des autres, debout sur les bordages recouvrant entièrement les barreaux du navire, accoudée aux caissons disposés tout autour du vaisseau. La coiffure rigide qui s’applique habituellement aux êtres mâles donne à cet événement une teinte de fleur ornementale dont le type primitif est d’un rouge très pâle. C’est l’unique caractère de cette impression visuelle. Dans l’astre qui donne lumière et chaleur à la terre et qui là est recouvert d’un brouillard léger, cet astre qui éclaire la grande rivière remarquable et a la capacité à augmenter la température, les bandes de terre bordant le cours d’eau se sont effacées, et la grande rivière remarquable par le nombre de ses affluents paraît venir en contact avec la limite circulaire de la vue. La grande rivière remarquable se meut naturellement et sourdement, rien n’est perceptible par l’ouïe, tout comme le liquide visqueux et rouge qui coule dans la partie matérielle des êtres animés. Plus de déplacement naturel de l’atmosphère au-dehors du liquide de la grande rivière. L’appareil servant à mouvoir le bateau à fond plat est le seul phénomène acoustique de cet événement représentatif de l’action. C’est celui d’un appareil qui a vécu déjà longtemps, disloqué, avec ses tiges rigides et articulées destinées à la transmission du mouvement, et complètement coulées.

 

Texte A"constitué de fragments des autres textes :

Il avait été jeté en avant avec force. Son principe pensant s’enfonçait verticalement en hélice. Dans cette pièce, à jamais couché, il perdait des morceaux d’existence. Il se réalisait autour de lui une obscurité dont le type primitif le ramena au liquide originel de la grande rivière. Il se revit enfant, coiffé de ce chapeau à forme rigide et faite d’étoffe épaisse. Il avait maintenant dépassé cette partie de la journée entre midi et soir, et allait bientôt toucher au terme du voyage. Cela lui avait causé bien de la douleur, cet ennui-là.

Isabelle


Texte orignel :

Elle respirait de temps en temps les roses rouges dont elle se promettait de faire une aquarelle, qu'elle me donnerait en souvenir de cette journée. Je lui demandai de me monter une photographie de son fiancé. Je le trouvai beau. Sentant déjà quelle importance elle attachait à mes opinions, je poussai l'hypocrisie jusqu à lui dire qu'il était très beau, mais d'un air peu convaincu, pour lui donner à penser que je le lui disais par politesse. Ce qui, selon moi, devait jeter le trouble dans l'âme de Marthe, et, de plus, m'attirer sa reconnaissance.

Raymond RADIGUET, Le Diable au corps.

 

Texte A' après expansion par la définition :

Elle absorbait l'air dans sa cage thoracique des fleurs du rosier, décoratives et odorantes de couleur rubis puis l'en rejetait à des intervalles de temps plus ou moins longs et irréguliers. Elle faisait le projet de réaliser une peinture légère sur papier avec des couleurs transparentes délayées dans de l'eau qu'elle mettrait en ma possession en mémoire de cet espace de temps qui s'écoule du lever au coucher du soleil.

 

Texte A"constitué de fragments des autres textes :

Elle manifestait par des démonstrations d'enthousiasme son admiration pour la poésie des couleurs de la nature. Pour les fleurs du rosier, décoratives et odorantes. Pour les rives de la grande rivière. Pour le moment où se termine la partie de la journée entre le midi et le soir. Pour l'enfant , symbole de l'existence. Pour la fécondité de la vie. Pour le temps qui s'écoule sans terme de voyage

Antoine