Un matin comme un autre... Odeur d'enfance et
d'absence...
Au saut du lit pourtant, rien ne paraît plus comme
avant : le lilas pastel manque de soleil et de couleur.
L'automne a laissé sur le sol une symphonie de crocus
mauves et crépus.
Les plantes inanimées forment une barrière
rassurante et la solitude, ici, devient plaisante.
Seul le chat, ami métisse, visiteur d'ici et
d'ailleurs, trouble le silence et ramène la vie dans
cette austère demeure.
Fabienne
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Un jour j'ai pris le train.
Le train de l'espoir.
Qui me conduisit sur une terre qui n'est pas la mienne.
Chez des gens qui ne parlent pas comme moi.
Tout recommencer en laissant derrière moi ma maison,
mes amis, les orangers, les amandiers en fleurs.
Tout recommencer pour un travail .
Un travail pour la vie.
Pour une autre vie.
Le travail a été là mais la vie est une
autre vie.
Sans amis, sans de véritables amis, sans
partager.
Mais un jour je retournerai là-bas, là
où le soleil fond les pierres mais réchauffe
les coeurs.
Là où Maria m'attend.
Là où les gens me tendent la main, et je serre
la leur.
Antoine
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Dans la chambre, c'est le calme plat : il se fait tard.
Il prend toute la place dans le lit.
Sur la tapisserie, moutons, outardes et saumons semblent
pris au piège dans de drôles de positions.
Il n'ose pleurer dans le silence : le métal froid du
montant sur lequel est posée sa main contraste avec
le pansement brûlant sur sa poitrine cuisante. Il a
hâte que l'on ôte le cataplasme, que le contact
du talc enfin l'apaise.
Que d'émois ! Quel drame pour un petit moutard !
Ravalant ses larmes, au détour d'une pensée
chagrine qui ravive le souvenir de quelques gronderies, il
décide de prendre la route du sommeil et rôde
aussitôt sous forme de renard dans la parade des
animaux, débusquant les canards, accordant pour tout
remède à son mal l'euphorie fugace de la
chasse.
Pascale
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La jeune mère regardait dans le sable le pneu
crevé de la Simca et sur le siège
arrière son enfant pleurait comme si il l'avait
crevé.
Dans le lointain avançait l'homme qui souriait.
Ouvertement douce, cette bonté disponible devenait
serviable au fur et à mesure que le bruit de la mer
augmentait.
Jean
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Derrière les barrières du jardin...( ou
peut-être n'était ce qu'un jardinet...) ils
courent les enfants, au milieu des poules
égarées.
Derrière les arbustes odorants, les mamans
tricotent et surveillent...( Là... pas plus loin ...
à la limite du portail qui couine !)
Derrière le mur, se traînent les culs
tannés des culottes courtes, les traces de craie
blanche racontent des mythologies.
Derrière les têtes, claquent les tapes aux
garnements récalcitrants, aux genoux de sang.
Derrière les fenêtres, les Frères
Jacques se dépatouillent d'une tartine de confiture (
ça dégouline, pourquoi y-a - t - il des trous
dans l' pain...)
Sur le vieux mur abandonné, le lierre est parti
à l'assaut du gypse émietté.
Catherine
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Dans les escaliers de la « Montée des
Vignes », nous glissions sur la rampe avec mon ami
Michel que je surnommais « Mimi ». Nous
usions nos fonds de culotte et en même temps nous
imitions le bruit des deux roues motorisées en
répétant sans cesse « C'est pas
un engin , c'est un Lambretta ! ».
Nos mères râlaient évidemment quand nous
revenions à la maison manger la miche et le chocolat
du goûter. On se faisait sonner les cloches et une
fois la tourmente maternelle passée nous chantions en
coeur « La Noce à Jean François
Nicaud » des Compagnons de la Chanson &endash;
où il est beaucoup question de cloches qui
sonnent.
Jean Pierre
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Il court, trotte, galope.
Caïn battait la campagne avec son copain qui
n'était autre que son cheval. Comme le soleil
flamboyant disparaissait derrière les collines, ils
cherchaient quelque endroit pour se restaurer et trouver un
gîte pour la nuit.
« Quelque morceaux de pain feront
l'affaire » dit Caïn.. Pendant ce temps,
le cheval flairait le sol et trouva quelques grains de
maïs à se mettre sous la dent. Puis ils
passèrent la nuit sous des pins odorants. Lorsqu'au
petit matin une élégante jument vint flairer
le bel étalon. Ce gros niais resta de glace devant la
belle aux yeux de biche. Don Quichotte et son
inséparable compagnon repartirent de bon matin en
quête d'aventures.
Chantal
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J'aime ce souvenir où, en bateau, nous allions
vers cette île d'une beauté sauvage. Papa
aimait à nous la faire découvrir . Le long des
chemins nous allions, sereins, entre le ciel et la mer d'un
bleu intense. C'était les vacances et la
liberté.
Maman était heureuse de ces ballades avec ses
enfants. Nous nous arrêtions sur les falaises et nous
regardions au loin les voiliers. Ou nous descendions dans
les calanques ramasser des coquillages.
Chaque automne et chaque printemps nous retournions sur
cette île. Puis il y eut un dernier printemps, une
dernière branche d'eucalyptus ramassée, sur un
dernier fruit d'arbousier savouré.
La vieillesse vint tout d'un coup et la mort nous vola ces
instants de tendresse.
Marie Chantal
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Cette histoire se passe au Moyen-Age.
Dans le coin d'un château, par une nuit sombre, un
chevalier à l'armure boueuse cachée par une
cape, était sur son cheval plus guère vaillant
après la dernière bataille menée.
Le chevalier, aussi fourbu que sa bête, regardait la
tourelle dans laquelle était enfermée la
princesse du Royaume de Chansonjeux.
La princesse était-elle en train de faire un
rêve ?
Il espéra que oui et aurait voulu lui envoyer des
images de lui : Héros vainqueur d'un terrible et
féroce dragon qui brûlait la campagne. Mais le
chevalier n'était qu'un simple soldat. Il s'imaginait
provoquant en duel son père le roi qui la
séquestrait car il refusait d'avoir pour gendre un
simplet et pouilleux Chevalier.
L'épée au flanc, le chevalier se sentait bien
courageux mais devant le Roi son cheval se fit de bois et
lui devint aussi rigide que la pierre.
Le maléfice, il savait maintenant comment le
détourner. C'est un mage qui le lui a
enseigné.- Tout d'abord, chanter à tue
tête « Compère guilleri »
en traversant le pont et l'entraîner dans un duel de
jeux de mots où le premier qui dira
« marron » aura perdu. S'il parvenait
à le lui faire dire, ce mot, alors la liberté
et l'insouciance appartiendraient à la princesse et
ils pourraient se marier et se faire pleins de bisous dans
le cou.
Séverine
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