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Atelier, Un lieu en noir et blanc autour du poème de Jean Tardieu

Les chants perdus, dans L'accent grave, l'accent aigu

2ème moment : colorer son texte à partir de lectures picturales

 


Mondes engloutis va et vient incessant respire expire soupire vagues ressacs ressorts flux
sinusoïdes étranges parcellées de reflets glauques ou étincelants
la bave de la grève au bord des lèvres du puits

De puits en puits les premières frises grises et franges blanches de vagues lueurs disputent l'espace au temps passant par l'arc aux sept nuances, lancent le jeu, le jet de feu des coquillages irisés moirés bleu-violet à l'horizon orange.
La ligne découpée explose à la limite de la forêt jungle vert foncé, vert rouge où caquètent des myriades de perroquets affublés de perruques, à l'air hilare dans des positons plus lunaires que jamais.
Je ne sais plus où je suis depuis que j'ai suivi le cortège déroutant à l'attelage discordant de mes parents quittant le lieu d'où en vain nous cherchons l'issue en vue de ne pas la franchir.
Stupeur.
Des contours courbes et flous, la mer envahisseuse rompant les digues, se déchaînant m'entraîne hors du puits. Le niveau d'eau est monté.
Sur la margelle catapulté, échoué, alangui, je l'ai laissée me ronger, ronger jusqu'à l'os. Ébauche de squelette, forme fossilisée s'ensablant, s'insensibilisant : poudre de vie minéralisée jusqu'à la nuit des temps, pari réussi sur la durée d'éternité.
Je n'ai plus qu'une vision miniaturisée de ce que fut mon existence.

Ai-je seulement été , en pointillé ?

Pascale a choisi un tableau de SonLam Nguyen


Un tableau démodé ce passé. Fallait -il redire cette autre époque ?

Fatigue, labeur, couleurs passées, couleurs abîmées.
Tous ces jours ,
Toutes ces semaines,
Tout ce temps,
Toute cette vie oubliée.

Oui , il vaut mieux libérer le regard de ces images.

Le présent : un monde idéalisé, irréaliste, ou bien couleurs, lumière, chaleur.

Inventer, exprimer, par le mouvement, le rythme à ce jour, cette peinture est plus intéressante à réaliser.

Les sons, les bruits, les odeurs sont réels. Ils naissent de tout ce qui m'entoure et se répandent pour créer l'existence, l'être au présent.

Prendre, donner, recevoir et distribuer en toute simplicité et générosité, idéal de vie.


Antoine a choisi les Glaneuses de Millet

 

Jaunes agressifs
violentes, éclatantes, fortes
Ces lumières au plafond

Mouvant le sol carrelé, zébré de blanc et de bleu


Puis sous la tempête les pas verts dansant, flottant des chaussures des infirmières sans visage.

Volent les portes noires qui claquent par le va et vient ininterrompu dans cet univers de folie, de tempête où cette foule hagarde dépareille face à
CETTE FEMME aux longs cheveux noirs emmêlés, aux yeux fiévreux, rongée par l'effort.
Puis dans ce tourbillon humain, informe et informel, blanc, noir, rose, tout se confond, s'agglomère


Vient s'ajouter dans cette houle INCESSANTE EPUISANTE, la vague des appareils médicaux LAIDS GRISATRES MONSTRUEUX qui bipent sans cesse et sans fin.

Ce point rouge qui revient, lancinant comme un cauchemar
frappant désignant ce coeur qui bat, qui se cache sous cet énorme ventre prêt à craquer drapé de blanc rude et froid

Ce rocher de solitude face à cette déferlante qu'est la mère cramponnée à ce lit de circonstance,
Doigts qui serrent, se contractent enserrant des étaux de fer -
mais prête à se battre pour donner , pour cette future VIE

Séverine a choisi Tempête de neige de Turner

 

 

 

Ne te cache pas! Tu te croyais verte et croquante !
Tu finiras comme cette gangue de noix, marron, noire
Brou ! Brou !
Ratatinée, froncée, plissée, froissée.

Cherche, cherche là, sous le vert moulu
Ta vie n'est pas à angles droits, lisse et repassée
Obtuse
Allez, décolle, décolle !

Tu es le torrent qui croit détourner,
(Falsificatrice, contrefactrice)
Il s'accroche aux herbes.
Ses gouttelettes collent - notes de chapelet qu'on égrène pieusement-
Il n'est plus temps des prières !
SEPTEMBRE, OCTOBRE... déjà NOVEMBRE
Comme lui tu balances, oscilles, hésites, tergiverses.

N'essaie pas de te cramponner, laisse aller !

Tu voudrais chevaucher, rechigner, chicaner
Toi, petite enveloppe de papier à cigarettes. Papier mâché. Papier timbré.
Tu as pris le train que l'on va égruger.
Le long des rails noirs et droits tu sèmes les tickets de non-retour.

Écrase tes crasses !

Croix de bois, croix de fer,
Si je mens... tu iras en .....


Catherine

Collage de Kurt Schwitters

 

Entrer dans ce labyrinthe
sans plinthe
Et puis...
sans une plainte

Errer sur ce chemin
parsemé de jasmin
rempli de gazouillis
sans oublier les gargouillis
de la fontaine encore inassouvie.

Oublier le blanc du magnolia
qui pourtant fait un tabac.

Ne voir que les corolles multiples et bariolées
du parterre enrubanné.

Jeter les couteaux jaunes aux lames insaisissables
dans le ciel d'une beauté inégalable

Apparaître sur la scène
tantôt perle
tantôt fruit
tantôt géométrie.

Souffler sur l'arc en ciel en zig-zag
et disperser ses rayons à la Hague

Se désaltérer à la fontaine
et chanter ;
«  Une cruche en terre, des miettes de pain... »

Jacqueline


Jacqueline a choisi un tableau de Saskia Kuulkers

 

Ainsi donc il faut que je m' épanche
Sur cette putain de feuille blanche...
Vu que je n'ai point d'attrait
J' m 'en va y alla à gros traits.

Le grand tourniquet, il la chu
Sur les arpions du mon chu !
Les cartes postales ont valsé
Les vahinés ont cessé de danser.
Sauf que j'ai pu en récupérer une
Qui vaudra guère plus d'une tune.
C'est celle du père Gauguin
Que j 'ai vu tôt ce matin.

Ah, voilà la seule, la vraie
Une rescapée du naufrage :
In « i » vertical au loin.
C'est l' ancêtre de Cordouan
Qui réduit le monde en deux grands bleus :
L' Outremer à ses pieds
L' Azur à sa lanterne.

Je trouve ça très léger comme couleur
C'est la nuit que ça devient lourd
Le « i » aussi lourd que du Léger !
Noir d'encre, rien que du noir,
Le « i » a disparu
Noyé dans l'encre noire.On a piqué mon phare !
Tu as piqué ton fard
Et de temps en temps
Tu revis le « i »
Et moi aussi
Quand encore et encore
Tu peins les étoiles en or.

Jean Pierre a choisi un tableau de Paul Klee Le joueur de timbales (1940)